DONNEES DONNEZ-MOI.... | L'Edito de TRM le Guide n°8 Avril 2021
Si c'est gratuit, c'est vous le produit. Admettons… mais à cet axiome d’internet on pourrait ajouter : si c’est loin d’être gratuit, comme un smartphone, ou un camion tout neuf, vous et vos conducteurs sont un peu le produit quand même !
Notre dossier d’ouverture s'intéresse une fois de plus à l'exploitation des données professionnelles, et soulève la question du consentement, voire de la “fabrication du consentement”, pour paraphraser le classique de Noam Chomsky sur la propagande en démocratie, qui n'a jamais paru si actuel.
Lorsqu'on parle de protection des données, de l'importance de les protéger, de bien cadrer leur partage avec des plateformes, des chargeurs et autres partenaires logistiques, il faut aussi aborder la question de l’acceptation des conditions générales de vente et d'utilisation des solutions informatiques considérées.
Certes, il existe un risque de détournement et de monétisation des infos issues des flottes de transport à des fins publicitaires ou de surveillance de masse. C'est bien l'idée du big data, qui tel un ogre, avale des sources multiples. Les données GPS et techniques de milliers de véhicules, les retours d'information sur les livraisons… Tout cela a une certaine valeur. Mais dans quels desseins ? Au profit de qui ? L’État, , la grande distribution, les GAFA ? La menace est un peu floue, et les chasseurs cueilleurs améliorés que nous sommes sont bien mal équipés pour réagir face à des dangers invisibles ou lointains.
En pratique, les transporteurs peuvent se montrer vigilants devant l'exploitation de leurs données… ou pas. Après tout, c'est en toute conscience, et avec un certain enthousiasme que nous cédons déjà nos profils à Google ou Facebook, dont les modèles commerciaux sont bien identifiés, et les dérives connues.
L'enquête qui suit n'a donc pas vocation à donner des leçons, mais plutôt à engendrer une réflexion de la profession, et une méthodologie sur le choix et l’utilisation des poids lourds, des équipements, et des multiples solutions informatiques associées. La monétisation des données pourrait-elle, in fine, retomber dans la poche des transporteurs ?